Principe 6 – Ne produire aucun déchet

Newsletter

Inscrivez-vous à notre newsletter mensuelle pour recevoir les meilleurs articles et tutos à découvrir sur Maman Écolo

« Qui ne gaspille pas ne manque de rien »

Dans les sociétés préindustrielles, la plupart des gens menaient des vies sobres et respectueux envers les biens matériels. Les déchets et le gaspillage étaient rares car les ressources l’étaient tout autant. De plus, beaucoup de biens étaient fabriqués de matières naturelles biodégradables et étaient donc facilement absorbés pas les systèmes environnementaux.

Les temps ont bien changé: dans les sociétés modernes, les biens et les services sont disponibles en abondance. Les entreprises produisent à grande échelle, pour satisfaire, voire dépasser, et même créer, la demande de consommateurs. Tout ces biens, et même les services les plus virtuels nécessitent l’exploitation d’énergie et fabriquent les déchets au cours du processus de transformation. Les résidus, surtout ceux crées pendant les processus de production de biens et de services, sont malheureusement ceux auxquels on pense le moins souvent. A l’échelle de la planète, nous produisons la quantité des déchets que la Terre ne peut plus supporter.

Les 5 R ‒ Refuser, Réduire, Réutiliser, Réparer, Recycler

Refuser

Refuser les déchets consiste à prendre conscience de notre consommation souvent excessive de biens et services dont nous n’avons pas toujours besoin. Cette étape du refus de déchets repose entièrement non pas sur les grandes entreprises ou industries, mais surtout sur les ménages et les individus, comme vous et nous. Acheter toutes les saisons toujours plus de vêtements ou d’accessoires, certes à la mode mais souvent de mauvaise qualité (le fast fashion), investir dans des gadgets dont on ne se sert jamais ou presque, acheter trop de nourriture que nous n’aurons pas le temps de manger avant sa date limite de consommation, accepter les prospectus publicitaires ou les gobelets avec des pailles en plastique: ce sont juste quelques exemples parmi tant d’autres qui illustrent nos comportements peu rationnels qui contribuent à la production de déchets. La publicité omniprésente encourage sans cesse les consommateurs à acheter et leur fait croire qu’ils ont besoin de choses dont en réalité ils ne se serviront pas, ou très peu.

Adopter une démarche proactive et se remettre en question, refuser de surconsommer ou d’acheter les produits peu utiles, réduirait drastiquement la quantité de déchets, directs et indirects, émis lors du processus de la fabrication et transformation.

« Le meilleur déchet est celui qu’on ne produit pas. »

Réduire

Réduire notre consommation et nos déchets ne consiste pas à nous priver de tout, mais de revoir la quantité consommé par rapport à nos besoins.

Jeter de la nourriture que nous n’avons pas eu le temps de manger avant sa date limite de consommation (ou avant qu’elle ne pourrisse, tout simplement), laisser couler de l’eau du robinet, oublier d’éteindre la lumière quand on quitte une pièce sont autant de comportements excessifs du points de vue de la consommation, et pourtant on l’a déjà tous fait. Réduire notre consommation ou consommer moins fréquemment améliorerait considérablement notre qualité de vie en limitant les déchets. Si vous n’avez plus faim après votre repas, laisser le dessert pour le repas d’après, ou réduisez votre portion la prochaine fois. Partagez avec les autres: de cette manière vous réduirez leurs achats et leur déchets à eux.

Réutiliser

Avec la quantité de biens qui nous entourent, nous avons d’innombrables possibilités de réutilisation des objets du quotidien dont on ne se sert plus. Au lieu de les jeter à la poubelle, nous pouvons leur donner une deuxième vie en leur trouvant une nouvelle fonction. Les anciens générations avaient pour habitude d’optimiser la réutilisation des objets qu’ils possédaient: aujourd’hui, il faut l’expliquer aux plus jeunes, qui n’y voient pas forcement l’intérêt de manière intuitive. Cette solution est beaucoup plus bénéfique pour notre environnement que d’envoyer un objet directement au recyclage.

« Rien ne se perd, tout se transforme »

Des récipients de fabrication industrielle qu’on a l’habitude d’acheter, comme les bocaux, les bouteilles, les boites, les pots, les sacs, les caisses, les bidons: ils sont parfaitement réutilisables, peuvent avoir une multitude d’usages possibles et sont gratuits. Nous pouvons les utiliser pour du stockage, pour y mettre les plantes, pour faire de la décoration ou comme bon nous semble: la seule limite est notre imagination.

Les vieux vêtements ou les tissus abimés peuvent vous servir de torchons, sinon vous pouvez les découper ou coudre de nouvelles pièces aux fonctions nouvelles, par exemple des mouchoirs en tissus, des lingettes lavables, une trousse, un sac à légumes ou des vêtements pour les jouets de vos enfants. Le carton est aussi une formidable matière pour créer des jouets, comme les châteaux ou les maisons .

Enfin, vendre à petits prix les affaires dont on ne se sert plus permet aux autres de les réutiliser, tout en évitant un achat neuf qui serait à l’origine de nouveau déchets. De plus, ils économiseront de l’argent, et vous, vous en gagnerez.

Réparer

Réparer nos affaires devient de plus en plus rare dans notre société: les biens sont tellement accessibles et souvent bon marchés qu’on préfère acheter un nouvel objet plutôt que de réparer l’ancien. Cette pratique est malheureusement encouragée par certains fabricants qui créent des objets à une durée de vie de plus en plus courte (notamment dans le secteur d’électroménager, télécommunications, ameublement ou textile).

Selon l’approche permaculturelle, il vaut mieux résister à la tentation d’un nouvel achat rapide et pas cher pour remplacer nos objets usés. Idéalement, il faudrait prendre soin de choses qu’on possède, les respecter, veiller à les utiliser selon leur mode d’emploi afin de prévenir des éventuelles usures et dégâts. Le nettoyage et l’entretien régulier peuvent prévenir beaucoup de pannes. Quand il s’agit de vêtements, les laver et les repasser à une température adéquate ainsi que les plier proprement ou accrocher à un cintre, peut rallonger considérablement leur durée de vie. Un petit trou peut être facilement réparé avec un simple fil et une aiguille.

Enfin, si un objet ne fonctionne plus, posons nous au moins la question si la réparation par un artisan local ou un voisin compétent ne serait pas une meilleure solution que l’achat d’un nouvel outil, qui peut de nous coûter beaucoup plus cher et risque de tomber en panne aussi rapidement.

« Mieux vaut prévenir que guérir »

Recycler

Si nous avons bien suivi les R précédents, il ne nous reste à la fin que très peu d’objets à recycler. En effet, le recyclage n’est pas une stratégie de prévention par excellence de déchets: il requiert beaucoup d’énergie, de travail et souvent de matières premières additionnelles. De plus, la hausse de coût de l’énergie et de transports peut limiter les pratiques du recyclage industriel. Néanmoins cela reste de loin une bien meilleure solution que de jeter les choses à la poubelle ou directement à la décharge. La sensibilisation faite depuis quelques années nous prouve bien l’intérêt de cette démarche.

A notre niveau, nous aussi nous pouvons faire du recyclage à la maison, notamment quand il s’agit de nos déchets alimentaires. Le compostage nous permet de recycler les restes de notre cuisine et de nourrir nos plantes avec des substances nutritives de première qualité. Un composteur peut avoir sa place dans n’importe quel foyer, que vous viviez en ville ou à la campagne. Cet excellent moyen de fertiliser la terre nous fait gagner du temps et de l’argent (pas besoin d’acheter d’engrais), tout en réduisant la quantité de nos déchets (le volume de nos poubelles est réduit), et l’impact environnemental.

Il y a encore peu de temps, seuls le plus démunis vivaient en harmonie avec les déchets. Aujourd’hui , notre mentalité devraient évoluer: les individus qui réussissent à utiliser leurs déchets devraient être considérés comme modèles. Les solutions créatives sont nécessaires pour trouver des nouvelles fonctions aux déchets, qui en fin de compte ne sont que les ressources non utilisés, au grand potentiel.

*David Holmgren, « Permaculture, Principes d’action pour un mode de vie soutenable »