Principe 12 – Face au changement, être inventif

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« La clairvoyance, ce n’est pas voir les choses telles qu’elles sont, mais telles qu’elles seront »

Ce principe présente deux facettes: d’un côté, utiliser le changement de façon délibérée et coopérative, et d’un autre côté,  s’adapter et réagir de façon creative aux changements à grande échelle, ceux qui dépassent notre contrôle.

Dans la nature, et dans la permaculture, le changement demeure essentiel: la stabilité n’est qu’une illusion. « Rien n’est permanentsauf le changement», disait Héraclite d’Ephèse. La science nous prouve aujourd’hui que même ce qui nous semble solide et permanent, au niveau atomique n’est qu’une énergie en perpétuel mouvement. La perception de stabilité et de soutenabilité dépendrait alors de l’échelle.

Il ne faut pas avoir peur de changement, il faut le voir comme quelque chose d’excitant, de stimulant, pas de menaçant: comme une chenille qui se transforme en papillon. Le changement n’est pas l’ennemi de la stabilité, mais paradoxalement, ces deux éléments sont indissociables et forment une sorte d’équilibre dynamique.

« Changer le monde commence par se changer soi-même»

Comme on l’a vu dans le Principe 4, la permaculture nous conseille de procéder à une auto-évaluation de nos besoins et de nos habitudes. Il est étonnant de voir à quel point ces questions deviennent rapidement des questions existentielles, à la recherche de sens, de nos valeurs, de nos motivations, de notre mode de vie. Au départ, en voulant simplement améliorer le fonctionnement de notre potager, on se retrouve engagés dans un processus de changement personnel. Comme le dit le proverbe, changer le monde commence par se changer soi-même: le changement environnemental qui focalise notre attention au départ, se transforme inévitablement en un changement personnel. En commençant par les petites modifications, nous gagnons en confiance pour aborder les changements de plus en plus grands et importants. Ce sont de petites actions qui mènent à de grands changements.

« Dans son jardin, chacun est libre d’explorer et d’expérimenter des processus de changement descendants : nous pouvons exercer un pouvoir important si cela nous chante et quand cela nous chante. Ces changements ne bouleverseront pas la planète, et nous apprendrons à réfléchir de façon plus systémique et à agir de manière plus holistique et moins arbitraire. »*

Néanmoins, il  faut toujours garder à l’esprit le Principe 1 – Observer et interagir, avant de vouloir changer quoi que ce soit. Il faut d’abord observer, comprendre, au lieu d’intervenir à mauvais escient et gaspiller notre énergie. A trop vouloir changer la nature, on finit facilement par l’endommager.

Changements externes

Nous assistons parfois à des changements qui dépassent tout notre contrôle, comme les événements météorologiques (inondations, sécheresses), les séismes, les invasions d’espèces, de maladies. Pour affronter les répercussions de ces forces externes, la flexibilité et l’adaptation sont bien plus importants que la résistance ou la rigidité. Nous devrons toujours affronter certaines forces naturelles ou humaines que nous ne pourrons pas contrôler: c’est pour cette raison là que nous devrions toujours privilégier la flexibilité et la stabilité dynamique. C’est comme un vélo en mouvement: il faut avancer afin de pouvoir garder l’équilibre.

En pratique, cela signifie par exemple de choisir les petites structures à partir de matériaux renouvelables, à croissance rapide: en cas d’un cataclysme ou une mauvaise météo récurrente, la décomposition se fera plus rapidement et la reconstruction sera plus facile. Parfois, il vaut mieux rester flexible et laisser faire la nature plutôt que de chercher constamment à construire pour toujours et à vouloir tout conserver à tout prix.

Un autre exemple est celui de la succession végétale: les plantes pionnières à croissance rapide apparaissent toujours avant l’arrivée de plantes plus résistantes, plus précieuses. Inutile de lutter contre: ces plantes résistent mieux aux variations saisonnières que les plantes annuelles, préparent le sol et améliorent la matière organique pour les espèces plus matures. Ce phénomène de succession végétale nous apprend à lire dans la nature, analyser les dynamiques passées et présentes afin de prévoir les cycles futures.

On peut constater que la nature et l’humanité sont régies par des cycles, qui sont plus ou moins grands et qui se chevauchent. Cela nous permet d’anticiper les changements à venir, afin de les utiliser de façon creative, d’adapter notre travail au rythme de la nature et de trouver un équilibre entre stabilité et changement.

*David Holmgren, « Permaculture, Principes d’action pour un mode de vie soutenable »