Principe 9 – Préférez les solutions lentes et à petite échelle

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« Rien ne sert de courir , il faut partir à point »

La culture du développement rapide et démesuré prévaut depuis des dizaines d’années et adopte une fonction exponentielle. Aujourd’hui, et encore plus que jamais, on assiste à la croissance excessive de la culture du « toujours plus ».

La plupart de gens ne pense qu’à court terme, ils consomment toujours plus de nouveaux biens, ils se déplacent de plus en plus loin,  ils achètent de voitures de plus en plus rapides et de maisons de plus en plus grandes. Depuis le siècle de Lumières, notre expansion matérielle n’a cessé de croître, sans qu’on se soucie de contraintes éthiques en matière du développement. La quantité d’énergie disponible, trouvée notamment dans les combustibles fossiles, a pu largement contribuer à ce phénomène de changement d’échelle.

Le culte de la grandeur et de la rapidité est devenu normal dans bien de secteurs: dans l’agriculture comme dans l’industrie, dans la technologie de l’information et de la communication, dans les transports, et même dans l’alimentation. Selon certains critiques de la mondialisation, il est souvent encouragé par les grands groupes et les grandes banques qui, en baissant leurs prix, facilitent l’accès à la consommation excessive.

Pourtant, cette tendance à la démesure serait à l’origine de nombreuses catastrophes: écologiques, sanitaires, sociales, économiques. A l’ère de la révolution numérique, seulement certains d’entre nous commencent à peine à se rendre compte de limites matérielles et énergétiques de ce gigantisme. Pour notre bien à nous ainsi que pour celui des futures générations, il est important de ne pas agir comme des adolescents gâtés mais d’adopter un comportement réfléchi et de garder une vision à long terme.

« Cette adolescence, présente au cœur de nos vies personnelles et du monde économique et politique, nous conduit à préférer ce qui est rapide, tape-à-l’œil et nouveau à ce qui dure, ce qui est permanent, à ce qui évolue avec le temps. Je ne critique pas l’attitude des jeunes, mais celle des gens plus âgés qui, collectivement, sont incapables de grandir. »

Pourquoi opter pour des solutions lentes et à petite échelle?

Les méthodes actuelles de production toujours plus grandes et rapides présentent malheureusement certains effets néfastes sur l’environnement mais aussi sur nous-mêmes, les consommateurs, par rapport aux structures à petite échelle.

L’industrie agroalimentaire visant à obtenir des récoltes toujours plus abondantes en un moins de temps possible, est amenée à utiliser des engrais chimiques, l’irrigation excessive ou des techniques hydroponiques. Les fruits et légumes ainsi produites se retrouvent généralement avec une teneur en minéraux plus faible, nuisant à leur goût et leur valeur nutritionnelle. De plus, l’ajout de l’azote et du potassium en quantité excessive peut provoquer la présence de nitrates non métabolisés dans le fruit récolté. Une fois ingérés, le corps humain transforme les nitrates en nitrites, qui sont considérés comme cancérigènes.

Dans le secteur de l’élevage industriel, on a aussi affaire à des systèmes de production intensive qui cherchent à accélérer au maximum la croissance animale en un minimum de temps. Les industriels qui élèvent des animaux dans de parcs d’engraissements (feed lots) ou les fermes-usines « classiques », ne produisent généralement pas de viande de bonne qualité: des additifs comme les hormones utilisés pour accélérer la croissance animale se retrouvent souvent directement dans notre assiette. De plus, cette pratique entraine une faible teneur en substances nutritives. La viande contient plus de graisse, plus d’eau et est donc moins goûteuse.

Enfin, inutile de mentionner que ce type d’élevage à grande échelle utilise une quantité démesurée d’énergie et de ressources, pollue de manière extraordinairement excessive, tout en provoquant de problèmes éthiques liés au respect et au bien-être animal.

 « Vivre simplement pour que d’autres puissent simplement vivre »  

L’éthique permaculturelle tient compte de ces limites écologiques, économiques et sociales et préconise de repenser notre façon de vivre et d’appliquer, quand c’est possible, les solutions à petite échelle.

Certains entreprises les plus progressistes commencent petit à petit à s’adapter à ce changement de mentalité et à renoncer aux économies d’échelle au profit de la taille plus humaine de leurs structures. En effet, une taille plus réduite facilite la flexibilité et la communication au sein d’une entreprise. D’autres solutions entrepreneuriales alternatives locales commencent à apparaitre.

« De nombreuses personnes sont étonnées, voire choquées, lorsqu’elles apprennent que la plupart des entreprises ont une espérance de vie inférieure à la nôtre. » *

Quelles perspectives pour demain?

Pour créer un avenir soutenable, il faut réinventer notre façon de produire et de consommer et réussir à trouver des solutions à échelle humaine, moins dépendantes des énergies fossiles, bientôt épuisées. Selon David Holmgren, nous devrions ralentir au maximum la circulation des matières et des hommes afin de limiter notre impact écologique: ce qui équivaut à privilégier une consommation locale. Cultiver son propre potager, et surtout le plantes pérennes; réparer soi-même ses objets usés, se déplacer à pied ou à bicyclette, ou même en transports en commun; participer à la vie du quartier et faire ses courses chez des producteurs locaux: tous ces comportements contribuent à valoriser les solutions lentes et à petite échelle.

Pour réussir cette transition énergétique inévitable, nous avons besoin de solutions simples et faciles à appliquer et à entretenir, qui s’appuient sur les ressources locales et soutiennent les marchés locaux.

« Les architectes, les urbanistes et les planificateurs sociaux essaient constamment de créer des environnements et des organisations à échelle humaine, car c’est à cette condition que les hommes deviennent pleinement humains. »*

*David Holmgren, « Permaculture, Principes d’action pour un mode de vie soutenable »